Mer fantôme

Publié le par Lux

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J’aurais pourtant dû savoir qu’une mer ne pouvait réellement exister au cœur d’un pays d’herbes et de montagnes. Pas assez profonde, pas assez océan, une flaque au goût de vase et de rouille.

Au port, les bateaux rêvent, bercés par le clapotis d’une mer soudainement calmée. Sur les rives de la mer d’Aral, les navires échoués sèchent sous un soleil sans pluie. Leurs carcasses se dénudent chaque jour un peu plus, s’effilochent, dentelle irrégulière grignotée par le vent.

Les capitaines ont depuis longtemps abandonnés leur vaisseau. Ils errent sur cette pente douce autrefois couverte d’eau qui offre aujourd’hui une surface craquelée à leurs pas hésitants. Ils ne repartiront plus en haute mer, tout juste tremperont-ils leurs pieds dans l’eau après avoir marché des heures en direction d’un mirage bleuté. Les récits de leurs pêches miraculeuses s’enfoncent dans les arcanes du passé, gloires usées de marins fatigués.

Dans une poignée d’années, la mer d’Aral se transformera en un gigantesque marais salant. Les larmes des habitants d’Asie centrale se seront alors évaporées avec ce qui fut l’un des plus grandes mers intérieures du monde.

Mer d’Aral : 67 000 km² en 1960 … 21 000 km² en 2006.
www.lesmouettesvertes.fr/Mer-d-Aral.html

Publié dans Reality

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A
triste vision du futur de notre planéte?
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S
Ah oué.                          
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