Cuisine/é (3/4)

Publié le par Lux

Je me rendis compte au bout de quelques minutes qu’elle n’avait rien mis dans son assiette : elle s’était levée et avait détaché son tablier. Ma fourchette rata son objectif. Qu’elle était belle ! Qu’elle était bandante ! Excité, je voulus me lever mais elle leva la main: «Finis d’abord». J’avalais goulûment les dernières bouchées et m’essuya la bouche sur la large serviette blanche posée sur la table. Victoria l’attrapa et me banda les yeux avec. Le coton était doux et avait une curieuse odeur de poulet rôti et de lessive. Je n’en pouvais plus. Cette mise en scène m’avait ouvert l’appétit et je mourrais d’envie de rejouer le dernier acte de nos premiers ébats, moi en elle, elle sur moi, le paradis quoi! «Qu’est-ce qu’on fait?», demandais-je. J’étais prêt à jouer à tous les jeux qu’elle voulait, du moins le pensais-je alors.
L’une de ses mains, paume douce, chaude - la barbe ! J’aurai du me raser - caressa ma joue, son autre main, ses doigts, longs doigts fins, agrippèrent mes cheveux et je crus que mes vertèbres allaient se briser lorsqu’elle me tira la tête en arrière. Je sentis alors sa langue, pointe humide, souffle tiède, explorer le mont râpeux de ma pomme d’Adam. Ma main, la droite, trouva sa cuisse et l’empoigna, ma bouée dans le torrent tumultueux de l’excitation. J’aurai voulu la pénétrer là, tout de suite, sur la table, virer le poulet et les patates, relever cette robe noire bien trop moulante pour continuer à enserrer un corps aussi parfait. Sa langue léchait maintenant le lobe de mon oreille et le désir mordait mon sexe qui n’en pouvait plus de se tenir tranquille, on n’était plus au Moyen-Âge et elle ne portait pas de ceinture de chasteté. «Viens, lui dis-je, viens sur moi». La patience n’était vraiment pas mon fort!
Dans la seconde qui suivait, elle n’était plus là, plus contre moi et l’espace autour agita une langue froide: je me mis à frissonner, en manque, incapable de supporter ma peau sans la sienne tout contre. «Victoria!». Pas un instant je ne songeai à enlever le bandeau qui m’aveuglait. Je voulais juste qu’elle revienne, qu’elle continue ce jeu de glissements, de frôlements et de déchirures. Je sentis son parfum avant même d’entendre ses pas puis la tranche aiguisée d’un couteau sur ma gorge avant qu’elle ne me touche.
Mon cœur rata un battement.
Elle appuya la lame à l’endroit où elle avait posé ses lèvres. Mes muscles se crispèrent brusquement. Je voulus reculer la tête mais elle se tenait derrière moi, démon aux ailes d’ange, brûlante et affamée, de passion et de désir. Le couteau crissa sur ma pomme d’Adam et plongea dans le creux palpitant à la jointure des clavicules: Victoria appuya doucement sur la pointe piquante et chuchota à mon oreille: «Chhhut. Laisse-toi faire». Sa main libre paraissait s’être multipliée comme les bras souples d’une déesse hindoue. Elle courait sous ma chemise, ébouriffait les poils de mon torse, malaxait mon ventre, pétrissait ce qui me restait de vertu, enserrait ma gorge ou me frôlait le visage comme les ailes d’une fée. Scrrrrritch! Le couteau aiguisé déchira sans hésiter les fibres fragiles de ma chemise. Je protestai mais Victoria accentua ses caresses: «ne bouge pas!». Elle allait vite, la lame courait de couture en couture, fit sauter ma ceinture et je me retrouvai bientôt en caleçon. Mes vêtements en lambeaux jonchaient le sol et j’entendais Victoria haleter, le souffle court. Cette femme avait décidément de drôles de jeux, je me demandai comment j’allais rentrer chez moi sans pantalon et sans chemise!
Elle me fit me lever et toujours m’enserrant, me poussa vers ce que je supposai être sa chambre. La pointe de son couteau me piquait le dos et je ne savais plus trop que croire, ses mains chaudes pleines de désirs ou cette lame dont elle servait comme un sabre, une armée à elle toute seule, capable de décimer en quelques minutes toute une batterie de poulets frits ou quelques kilos d’innocents légumes.

To be continued...

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