A quel moment ?

Publié le par Lux

A quel moment ai-je choisi le pays des rêves ? A quel moment ai-je choisi de m’accrocher aux nuages ? Ca s’est passé un jour d’été, un jour de printemps, sûrement un jour d’orage, un jour de pluie, un jour de ciel encombré d’ombres blanches. Sur l’azur bleu limpide se détachaient des poignées de coton qui flottaient paresseusement, mues par le fil invisible d’une brise amoureuse, de gros coussins mœlleux glissant à la queue leu leu devant le soleil. Sans hâte. Et moi j’étais tout contre une herbe parfumée, tout contre ce ciel océan sans vagues, immobile et pourtant flottant au milieu d’un défilé de nuages, âme apaisée chevauchant l’un de ces doux moutons blancs. J’ai levé la main et ai attrapé un nuage, cela paraissait si simple de se laisser aller, se laisser guider tout autour de la Terre, par-delà les mers, indéfiniment, si facile, sans craintes ni contraintes, juste flotter, corps sans gravité.
A quel moment aurais-je voulu choisir ce pays de rêves et de nuages, ce pays d’été et d’une vie sans cages, sans barrières, ourlé d’un horizon lointain et scintillant ?
A quel moment ai-je dit au revoir aux nuages, à cette nuit d’août parée de plus d’étoiles que je n’en reverrais jamais, jamais plus d’aussi nombreuses, aussi belles et aussi lumineuses durant toutes les années qui courent encore devant moi ? A quel moment me suis-je dit que mes yeux et mon cœur avaient vécu tant de bonheurs qu’il serait difficile désormais d’en espérer d’autres tout aussi évidents et tout aussi paisibles ?
Je revois encore de temps en temps ce pays de nuages, il ne flotte jamais très loin de moi. Sa musique parfois arrive jusqu’à mes oreilles, mélodies joyeuses d’une fanfare qui réunit le soleil, les étoiles et quelques planètes pas encore mortes. J’écoute les dernières histoires du pays des rêves puis je le laisse de nouveau s’éloigner parce que je sais qu’il restera à jamais près de moi, ce pays de nuages taquins et chahuteurs, avaleurs de saisons et d’espaces. Avec eux, je sauterai les siècles, je tournerai mille fois autour de la Terre et je n’oublierai plus, promis, d’écouter battre le coeur de cette planète qui me retient à sa surface et me rappelle que le pays des nuages n’est pas fait pour notre réalité.
Et qu’il faut le laisser flotter.

Publié dans Reality

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